De
l’utilisation de « pièces naturelles»
en
Robotique
Assemblage de 2 pinces de
crabe tourteau au niveau du second tarse
Une esthétique
indéniable !
La Nature, pour peu qu’on y
regarde de près fourmille de réalisations extraordinaires on le sait…
Le
gros problème des « constructions » naturelles est qu’en général dès
que la vie les a quitté, les éléments constitutifs se dégradent rapidement pour
retourner à un état primaire utilisé par les vies futures …
Sommes
toute on est berné comme dans un rêve dès que l’on veut « saisir »
ses constructions fantastiques pour en faire les nôtres !
On
peut bien sur utiliser le bois pour la charpente, les os pour faire des pointes
de flèches ou des ocarinas, du bambou pour réaliser du béton armé ( de
bambou ! ..mais si ! ), du
cuir pour les chaussures, mais ce sont des utilisations « triviales »
et primitives du matériau vivant n’utilisant que la matière et non l’architecture
du vivant !
Pour
le mécanicien ou l’architecte voire l’informaticien passionné de neurologie c’est
frustrant, car il en faut du travail pour obtenir une copie approximative d’une
structure dont la Nature nous montre tant d’exemples parfaits et qui
s’évanouissent dès lors qu’on veut les appréhender !
Si
l’on fait abstraction de compassion vis-à-vis de nos semblables ou du vivant
sensible en général, on peut s’enorgueillir de quelques résultats peut-être :
je pense aux expériences faites en déni de toute souffrance comme le siècle passé nous en a malheureusement
donné d’horribles exemples, et aussi à certaines « expérimentations »
qui sont peut-être encore faites aujourd’hui …
On
voit encore des singes ou des chats « boulonnés » par quelque savant
fou et à qui on envoie des décharges électriques pour visualiser les réactions
de l’encéphale…
De
telles expériences ne peuvent que nous bouleverser pour les plus perverses ou
au moins nous mettre mal à l’aise éthiquement
même si elles aboutissent parfois à de réels progrès dans la connaissance.
Sans
aller si loin quand j’étais enfant nous percions des hannetons avec une épingle
pour les faire voler autour d’un fil …et ça marche très bien !
Il
existe des modélistes faisant voler leurs avions tractés par des mouches dont
on a collé à la cyano l’abdomen à un fil !
Est-ce
que quand c’est gros c’est mal et quand c’est petit ça va ? …
Le
cas des crustacés plus de châssis ! …la caisse est
porteuse ! ( Citroën
)
Sans
chercher dans tous les domaines ( la carapace de
chitine des insectes par exemple est très intéressante ) les crustacés ont à
l’égard de la pérennité un statut particulier:
En
effet leur carapace de calcaire garde après leur mort et pour très longtemps,
pourvu qu’on en prenne soin, toutes ses valeurs architecturales !
Et
pour le roboticien c’est une véritable aubaine surtout quand la bestiole est
d’importance et qu’on peut y loger quelque chose !
Leurs
articulations notamment conservent leur véritable perfection mécanique pérenne
au-delà de la vie .
Les
mammifères et les oiseaux ont des cartilages qui lubrifient en permanence leurs
articulations et disparaissent en même temps qu’eux. De plus celles-ci sont
maintenues en contact par des ligaments et dès la disparition de ces derniers
la fonctionnalité en est détruite ( un squelette humain est très décevant à cet
égard ! ), mais chez le crabe par exemple celles-ci se présentent sous la
forme d’agencements dont les parties mobiles et fonctionnelles sont recouvertes
d’une sorte d’émail lisse et indestructible ne présentant aucun jeu et n’ayant pourtant
aucun point dur ( le Top pour un mécanicien ! ) et il suffit d’une goutte
d’huile pour leur garantir une tenue mécanique fiable dans le temps bien après
leur mort… !
De
plus ces ajustements sont solidaires et n’ont pas besoin d’être assemblés et d’ailleurs on ne peut pas
les désolidariser sans les détruire et sont protégés par des
cils faisant office de balai pour les maintenir propre.
Les
calculs de résistance des matériaux ont étés faits !
et les formes sont optimisées !
et c’est ( presque ) gratuit en plus ! ça dépend du poissonnier …
Articulation-type 1er
tarse chez le crabe tourteau
A droite en rouge le pivot
ou « cœur »
Je n’étudierais ici que
l’articulation du premier au second tarse qui peut, par sa morphologie être
utilisé pour nos réalisations mécaniques.
Plus
ou moins grosses selon la taille de l’animal elles se présentent ainsi chez le
crabe et les autres crustacés marins de chez nous :
Elle
se compose de deux pivots diamétralement opposés de 5 Cm environ « venus de
fonderie » avec une couronne pseudo elliptique creuse permettant le
passage des muscles reliés directement à la structure au points d’action et
protégés par des soufflets flexibles qui hélas se détériorent par dessèchement avec
la mort de l’animal.
Seuls
les « cils » qui protègent les parties mobiles demeurent un certain
temps.
De
plus on peut choisir la taille de l’animal ( et donc
du déjeuner ! ) en fonction du projet à réaliser !
Cette
articulation offre un angle de débattement d’environ 90° ( de « butée » à butée )
Par
« construction » les deux pivots travaillent dans les deux sens en
cas de poussée axiale, Les efforts sont donc répartis également sur les deux
pivots.
On
peut en couper la partie fonctionnelle pour l’utiliser dans des montages mécaniques.
Le
matériau, poreux, se colle très bien à l’Araldite et
se prête donc à toute incorporation de mécanisme artificiel.
On
peut sans doute renforcer la structure de façon significative en l’imbibant de
résine polyester avec un simple pinceau.
Essais
destructifs :
Quel
peut être la résistance de cette articulation ?
Ne
travaillant pas au CNRS …. et ne disposant donc ni du
temps ni du matériel nécessaire pour en faire une analyse fine vous allez voir
que ma méthode en donne une idée mais reste expéditive quoique spectaculaire !
J’ai
utilisé une très vieille articulation ! d’au
moins 3 ans d’age !
que je n’avais pu me résoudre à
jeter à la poubelle et qui devait me servir …à cette expérience ma
fois !
Elle
est ( était ) particulièrement grosse: 5,5 Cm de
diamètre entre pivots.
Elle
avait été lavée à l’eau de Javel et de ce fait était devenue blanche et très
cassante ( à éviter ).
Je
pouvais donc penser que mes essais seraient des minima ….
J’ai
percé 2 trou
dans les flancs d’un coté pour y passer une ficelle et de l’autre la ficelle
passait sous l’articulation car il y avait trop peu de matière …
Mon
unité de mesure était la bouteille de gaz ( vide 14
Kg) ou pleine ( 35 Kg ) et un poids de 5Kg ….
C’est
pour dire la précision du test …
Eh
bien cette articulation supporte encore très bien 13,9 +5 Kg soit 19 Kg malgré
son grand age ! !
Et
ce par 2 minuscules pivots de 1mm de diamètre enchâssés dans une chape
guère plus importante !
Où
le Trop est Trop !
Fort
de l’expérience je décide d’essayer la bouteille pleine …..35Kg !
Explosion
instantanée de l’articulation mais les pivots sont intact : les chapes
seules ont cassé …
rupture également au niveau du trou percé pour la ficelle.
Les
pivots ont tenu, les chapes ont éclaté, le pivot est toujours solidaire de l’une !
Le
calcaire traité à la Javel semble bien être le problème est je pense qu’une
articulation en « bonne santé » doit tenir au moins 25 Kg …
J’en propose donc 2 idées
d’emploi pour nos évolutions robotiques
à l’aide d’exemples non exhaustifs !
Un
cardan réalisable avec 2 articulations
Si
l’on admet les 20 Kg d’après l’expérience on peut donc disposer d’un couple de
0.5 Kg /M (pivots à 5 cm l’un de l’autre )
Si
l’on admet une rotation possible sans échauffement des pivots de 4 tours /sec
On
peut transmettre une puissance d’environ 125 Watts sur un tel cardan
Maintenant
passez donc à table !
Avec une
mayonnaise …. !
Et si on vous dit : « qu’est ce que tu regardes dans
ton assiette …t’as pas fini ? »
dites : « …des choses ! ! … »
si je reçois au moins 5 mails libellés : « ENCORE !
» … je ferai ( peut-être ) le prochain dossier sur : La Pince !